Pour le Groupe Financière du Nord, numéro cinq des réseaux de pressings indépendants en France, la digitalisation n’a pas rencontré le succès escompté. Hormis les grandes agglomérations comme Paris, Lyon et Marseille, le coût d’un service de teinturier à domicile est trop élevé pour les clients en régions.
La digitalisation du secteur des pressings n’a pas rencontré un franc succès dans le Nord. C’est en tout cas la conclusion tirée par Didier Poignand, à la tête du Groupe Financière du Nord (FDN), qui regroupe 32 pressings sous trois marques (Alizés, 5àsec et Rossel) répartis entre la métropole lilloise et quelques villes du Pas-de-Calais.
« Nous avons créé une application mobile pour chacune de nos marques, avec une géolocalisation, qui permet au client de suivre son vêtement, de consulter l’historique de ses tickets et de sortir des factures. Sur nos 310.000 clients, seuls 7 % l’ont téléchargée et, parmi eux, à peine 10 % l’utilisent », détaille le fondateur du groupe FDN en 2006, situé à Wasquehal, près de Lille (Nord).
Surcoût
Contrairement à Paris, où les acteurs du pressing à domicile sont nombreux, les villes de taille moyenne ne semblent pas propices à ce changement de comportement. « Le pressing est un métier de service où le client a besoin de voir qui va traiter son vêtement pour lui montrer où se trouve la tache », estime Didier Poignand.
Entre ce que le client veut et ce qu’il est prêt à payer il y a un fossé.
Didier Poignand Fondateur du Groupe FDN
Le résultat n’est pas probant. Le système entraîne un coût supplémentaire de 15 euros à chaque livraison. « Entre ce que le client veut et ce qu’il est prêt à payer, il y a un fossé. Ce n’est jouable que dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, où la clientèle est prête à assumer ce supplément », analyse le président du groupe FDN.
L’époque où les particuliers donnaient tout leur linge au pressing est terminée. Aujourd’hui, seuls les vêtements délicats ou les pièces précieuses pour les clients sont déposés. Selon Didier Poignand, on est en quelque sorte repassé d’une activité de masse à une activité de niche, où 80 % de la clientèle ne vient qu’une fois par an.
Hausse des tarifs
A soixante ans, le dirigeant prépare la transmission de son entreprise d’ici à fin 2023 à Olivier Boin, bailleur d’un de ses franchisés, qui a pris 5 % du capital en avril 2021, avant de monter à 24 %. Didier Poignand en détient désormais 46 %, Finorpa 8 % et Nord Capital 22 %, deux actionnaires entrés au capital en 2013.
Le groupe vise pour cette année les 6,8 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec un retour au niveau de 2019. L’année a toutefois démarré difficilement avec le contexte inflationniste et la baisse de la consommation. Pour faire face, Didier Poignand a pris la décision d’augmenter ses tarifs de 10 % à la fin de l’été.